Mohamed Soliman : « En grandissant, mon rêve s’est transformé en ambition »

Mohamed Soliman est le fondateur d’AtmosGear, start-up qui a conçu les premiers rollers électriques au monde. Créée en 2022, elle a été sélectionnée pour participer au Pitch Contest INPI, co-organisé avec French Tech Tremplin à l’occasion du salon Viva Technology. Rencontre.
Mohamed Soliman : « En grandissant, mon rêve s’est transformé en ambition »

Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre activité ?

Je suis Mohamed Soliman, également connu sous le nom « Mido ». J’ai 25 ans et je suis un patineur qui a décidé de devenir ingénieur pour concevoir les premiers rollers électriques. J’ai lancé mon projet de start-up AtmosGear en 2018, en parallèle de mes études à l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), où ma start-up est toujours incubée.
Mon projet a nécessité trois années de recherche et développement. Les 500 premières paires de rollers électriques sont en cours de fabrication, pour une livraison prévue cet été.
Nous ambitionnons d’en vendre 3 000 d’ici 2024, en investissant le marché des États-Unis ; 10 000 en 2025 et 100 000 en 2027, dans le monde entier.

Comment fonctionne votre innovation ?

Nos rollers électriques possèdent trois roues, dont celle du milieu est motorisée. Il s’agit actuellement du moteur le plus petit et le plus puissant au monde ; moteur qui pourra, à terme, être utilisé pour d’autres applications. Pilotés à l’aide d’une télécommande, ces rollers peuvent atteindre 25 km/heure et disposent de 20 km d’autonomie. Nous avons conçu un second kit, pour les États-Unis et les pays en dehors de l’Europe qui possèdent une législation différente. Ce kit permet une vitesse maximale de 35 km/heure et une autonomie de 30 km.
Le patineur dispose d’une sacoche, qu’il peut porter en bandoulière, où se range la batterie de recharge des rollers. Ces derniers, même déchargés, peuvent ainsi continuer à fonctionner comme des rollers classiques. Autre particularité de notre innovation : contrairement à un skate ou à une trottinette électriques, nos rollers peuvent se recharger en patinant. Enfin, lorsque la gomme de la roue motorisée s’use, le patineur peut dévisser le moteur, retirer la gomme puis en installer une nouvelle.

Comment vous est venue l’idée de créer votre start-up ?

L’idée m’est venue du manga Air Gear, auquel fait directement référence le nom AtmosGear. Publié en France en 2002, ce manga a marqué les esprits de beaucoup de patineurs. Il a donné envie aux non-initiés de pratiquer le roller, et aux passionnés, de posséder les rollers au moteur surpuissant utilisés par les protagonistes. Je faisais partie de la seconde catégorie de lecteurs.
En grandissant, ce rêve s’est transformé en ambition.
La mobilité électrique émergeait au niveau des vélos, des trottinettes mais pas du roller. J’ai pensé qu’il fallait arrêter d’attendre que l’idée vienne des autres et j’ai commencé à la développer !

Quels dispositifs ou quels interlocuteurs vous ont permis d’être là où vous êtes aujourd’hui ?

Je participe à de nombreux salons professionnels, grâce auxquels nos rollers électriques se vendent sans que j’investisse dans la publicité. C’est grâce à notre participation à ces rendez-vous, aux personnes que nous rencontrons, au bouche-à-oreille et à la couverture médiatique que nous en sommes là aujourd’hui.

L’UTC a également joué un rôle important dans le développement d’AtmosGear. C’est ici que j’ai fait mes premiers pas en tant qu’ingénieur mais aussi en tant qu’entrepreneur et inventeur. C’est aussi dans cette école, que j’ai appris les bases de la propriété intellectuelle (PI), c’est-à-dire la protection des inventions grâce aux marques, brevets, dessins & modèles. La filière entrepreneuriale m’a par ailleurs aidé à passer de la « petite idée griffonnée sur papier » à un business model et une proposition de valeur.

J’ai remporté deux concours de l’UTC : le premier, d’une dotation de 1 500 euros, m’a permis de créer mon tout premier prototype. Le second, d’une dotation de 7 000 euros, m’a permis de financer mon dépôt de demande de brevet, en 2019.

Comment l’INPI vous a-t-il accompagné ?

En 2019, j’ai participé aux Trophées des ingénieurs du futur, organisés par L’Usine nouvelle. Je faisais partie des finalistes de la catégorie « Innovation », dont le prix était décerné par l’INPI.
J’ai pris en compte les retours des jurés, dont faisaient partie des collaborateurs de l’Institut. Ils m’avaient notamment expliqué qu’il fallait veiller à ne pas divulguer d’éléments en lien avec ma technologie tant que le brevet n’était pas déposé. Je suis revenu au même concours en 2020, cette fois avec un prototype, et j’ai remporté un Trophée, qui brille toujours dans ma chambre.
Par la suite, j’ai fait appel à l’INPI pour déposer une enveloppe Soleau.

Depuis, je suis toujours en très bonne relation avec l’INPI que je croise régulièrement à des événements, tels que Paris-Saclay Spring 2023.
Les interlocuteurs avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger sont toujours très bienveillants, avenants mais jamais intéressés. L’Institut propose de nombreuses prestations, y compris financières, pour soutenir les innovateurs. Je pense notamment au Pass PI que j’ai découvert récemment. C’est très appréciable !

Que représente pour vous l’opportunité de participer au Pitch Contest à Viva Technology ?

Je vois l’entrepreneuriat comme un sport et ce Pitch Contest, comme un défi sportif ! C’est l’opportunité de pitcher devant un public qui n’est pas forcément expert des sujets PI ou de notre technologie ; un public qui n’est pas non plus forcément adepte de roller, au cœur de mon projet.

L’exercice du pitch est aussi similaire à celui d’un artiste qui se produit sur une scène différente ou face à un public différent. Je me rode de pitch en pitch et y mets davantage d’énergie quand je l’exprime en anglais. Merci au CES Las Vegas pour l’entraînement !

C’est aussi l’occasion de communiquer sur AtmosGear, de faire connaître notre projet auprès d’une nouvelle audience ; de susciter l’intérêt chez de potentiels consommateurs ou de potentiels partenaires à la recherche d’une « pépite de technologie française ».
Par ailleurs, être associé à l’INPI renforce notre crédibilité en tant que start-up hardware, détentrice d’un brevet. C’est une grande fierté ! Je ne manquerai pas de le faire savoir au salon MOVE à Londres, où je me rends après VivaTech, les 21 et 22 juin.

AtmosGear en chiffres
  • Année de création : 2022
  • Effectifs : 5
  • Chiffre d’affaires : 170K€
  • Marque : 1
  • Brevets : 2
  • Dessin & modèle : 1